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vendredi 9 mai 2014

Tim Willocks, Les Douze Enfants de Paris (Trilogie Tannhauser #2)

Tim Willocks, Les Douze Enfants de Paris (Trilogie Tannhauser #2), éd. Sonatine, mars 2014

(Titre original : The Twelve Children of Paris)

Matthias Tannhauser, chevalier de l'Ordre de Malte, monte sur Paris retrouver sa femme Carla, qui était invitée au mariage d'Henri de Bourbon (futur Henri IV) et de Marguerite de Valois (future Reine Margot). C'était sans compter les tensions grandissantes entre Catholiques et Protestants qui explosent la nuit même en massacre, celui de la Saint-Barthélémy. 


En bref : Matthias Tannhauser, chevalier de l'Ordre de Malte, revient de ses dernières affaires en Afrique du Nord et monte sur Paris, ville qu'il découvre pour la première fois. Son but ? Retrouver son épouse Carla, enceinte et prête à donner naissance à leur enfant. Cette dernière était invitée au grand mariage royal entre Henri de Bourbon et Marguerite de Valois, célébrant la réconciliation entre Catholiques et Protestants huguenots. A son arrivée dans la capitale, Matthias découvre une ville gigantesque, malsaine et surpeuplée. 
Carla, qui était supposée jouer de la viole lors d'un concert au Louvre en l'honneur des nouveaux mariés, est hébergée chez une musicienne et noble protestante. Lorsque les tensions entre Catholiques et Protestants atteignent un point de non retour, le plus grand massacre de l'Histoire de France éclate en cette nuit du 23 au 24 août 1572, date de la Saint-Barthélémy. 
"- La ville n'est plus gouvernée par le roi ou ses serviteurs, ni par l'Eglise ou l'Etat, ni par aucune loi, religieuse ou profane, même pas par la milice, ni la police, ni aucune bande affûtant ses couteaux. C'est la folie qui gouverne cette ville. Une fièvre sanglante, dans tous les sens du terme : née dans le sang, vécue dans le sang, pour la joie de répandre le sang." [p. 367] 
La ville est mise à feu et à sang. Les Catholiques sont appelés à faire couler le sang des huguenots où qu'ils se cachent. Le Louvre, siège du pouvoir royal, organise la plus grande rafle de nobles huguenots et les fait exécuter en ordre de file dans sa cour. 
Un grand danger menace Carla, certes Catholique, mais hébergée chez une noble Protestante. Une horde de mercenaires s'attaque à l'hôtel particulier où elle loge, alors que les premières contractions se font sentir et que son bébé est sur le point de venir au monde...
Tout au long de sa quête, qui durera 36 heures, Matthias Tannhauser arpente Paris à la recherche de son épouse, et se lie avec de nombreux enfants rencontrés au coin des rues, qui joueront un rôle déterminant dans l'avancée de ses recherches. 
"Frogier se gratta la joue. "Qu'est ce que vous faites avec tous ces gamins ?"
Tannhauser devait se défaire de ces enfants. Ils l'encombraient, et lui-même les mettait en danger." [p. 387] 

Mon avis : Les Douze Enfants de Paris est le second tome de la trilogie Tannhauser (le premier tome La Religion, paru aux éditions Pocket en septembre 2011). Il peut toutefois se lire indépendamment du premier. Quelques références sont faites aux événements que Matthias et Carla ont vécu dans le premier volume, mais cela reste totalement compréhensible pour un nouveau lecteur. 
Les Douze Enfants de Paris est un énorme roman de 937 pages, tout au long duquel Tim Willocks vous plonge dans l'univers de Paris en 1572, durant les 36 heures précédant et suivant le massacre de la Saint-Barthélémy. Véritable page-turner, le lecteur est littéralement emporté dans le tourbillon des aventures de Matthias Tannhauser, recherchant sans relâche son épouse dans cette ville en ébullition sanglante qu'est Paris en ces sombres heures. Le chevalier ne laissera rien se mettre entre lui et sa quête. Le sang coule à flot, les faits d'armes du héros venant s'ajouter aux nombreux massacres perpétrés à l'encontre des Protestants. 
Âmes sensibles, s'abstenir. Matthias Tannhauser est un habitué des guerres de religion, et il le montre à qui ose bêtement lui barrer la route. L'auteur en rajoute une couche avec force de descriptions fleuries... le ton est donné !
"Quand il l'atteignit, un homme apparut, dérangé par les coups en bas. Son visage ne montrait aucun signe d'alarme, jusqu'à ce que Tannhauser lui enfonce sa dague dans le ventre, l'ouvrant jusqu'au sternum. L'homme émit un soupir sifflant qui semblait traduire son apitoiement sur lui-même. Son haleine puait. Il s'accrochait à un mince brin de vie et Tannhauser mit tout son poids dans la lame, et le sternum se coinça  dans la garde. Il recula en pivotant. Le mourant tituba avec lui, du sang et de la bile dégoulinant sur le tablier, son poids le faisant basculer vers l'avant avec assez d'élan pour atteindre de le haut des marches. 
Tannhauser se retourna et le poussa dans l'escalier.
La lame laissa échapper l'homme, qui dégringola silencieusement en arrière, ses mains saisissant ses entrailles qui tombaient entre ses jambes, en une sorte de spasme possessif final." [p. 316] 
On soulignera également le talent de Tim Willocks à retracer les intrigues politiques qui mettent en scène les grandes figures incarnant la cause des Catholiques et des Protestants dans l'entourage royal de l'époque. Le massacre de la Saint-Barthélémy est sans conteste l'événement le plus tragique et le plus sanglant de l'Histoire de France. En démêler les causes et les conséquences, ainsi que toutes les personnes impliquées dans cette tragédie dans les coulisses politiques de la royauté n'est pas chose aisée, encore plus pour un auteur étranger. Chapeau bas !
Petite note d'humour, parce que Tim Willocks semble si bien connaître la France...
"Tannhauser avait été prévenu que toute interaction avec l'administration parisienne, même la plus insignifiante, requérait une exceptionnelle ténacité." [p. 23]
Que dire mis à part... "Tim Willock, je vous adore !"
Vous l'aurez compris, Les Douze Enfants de Paris relève pour moi du coup de cœur absolu. Il incarne le thriller historique dans toute sa grandeur. 
Plus épique et plus sanglant que Le Trône de Fer (Game of Thrones) de George R.R. Martin, je ne peux que vous conseiller fortement de vous jeter dessus sans plus tarder. Ne vous laissez pas intimider par ses 937 pages : l'auteur joue si bien avec l'action et le suspense que vous ne les verrez pas passer. Les personnages sont hauts en couleur, les descriptions de Paris sont puissantes et pleines de vie... ce roman ne saura vous laisser indifférent, pour le meilleur et pour le pire !

Ma note pour ce livre (entre 1 et 5 étoiles) :


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